mon blog à histoires

Bonjour à tous et bienvenue dans mon blog à histoires. Ecrites pour les enfants et publiées dans différents magazines spécialisés depuis 2005, celles-ci peuvent être lues ou racontées sans restriction aucune (dans le respect du droit d'auteur bien entendu). N'hésitez pas à me solliciter ou à me laisser vos commentaires. Bonne lecture !

vendredi, juillet 07, 2006

"Benjamin sauve son professeur"

Benjamin a beaucoup de mal à se lever ce matin. Il n’a vraiment aucune envie d’aller à l’école. Papa et maman sont déjà partis. Ils avaient tous deux un rendez-vous de travail très important. Aujourd’hui, c’est donc Angela, la grande sœur de Benjamin, qui doit s’occuper de lui. Angela est douce et compréhensive avec son frère. Car il lui est déjà arrivé, à elle aussi, de ne pas avoir envie de d’aller à l’école. « Mais tu sais, j’ai appris qu’il y a tous les jours une bonne raison de se lever », lui dit-elle. Benjamin sort enfin du lit et se traîne jusque dans la salle de bain.

Les mots d’Angela résonnent dans la tête de Benjamin alors qu’il termine sa toilette. « Elle a certainement raison Angela », se dit-il. « Après tout, il va peut-être se passer quelque chose d’intéressant aujourd’hui ! ». L’idée qu’une surprise peut surgir à chaque coin de rue réjouit soudain Benjamin. Il descend quatre à quatre les escaliers et se hâte d’enfiler sa veste. Angela est très fière d’avoir réussi à rendre le sourire à son petit frère. Elle lui tend la main et, ensemble, ils sortent de la maison. Angela vérifie que la porte d’entrée est bien fermée.

La raison du trouble de Benjamin et de ses camarades, c’est lui : Monsieur Leroy, le professeur de CE2. En l’apercevant avec son air sévère au milieu de la cour de récréation, Benjamin est un peu déçu. Car, en secret, il avait espéré qu’on lui annonce qu’à partir d’aujourd’hui, il allait avoir un nouveau professeur. Benjamin lance à Angela son regard le plus triste. Comme elle le comprend ! Elle aussi, il y a deux ans, elle est passée par là ! Mais, avec le recul, elle a appris à apprécier le vieux professeur. Elle s’efforce de sourire à son petit frère qui baisse la tête et va rejoindre ses camarades dans le rang.

Comme tous ses camarades de classe, Benjamin trouve que Monsieur Leroy est trop dur et un peu « démodé ». Mais il ne souhaite pas pour autant qu’il arrive quelque chose de grave à son professeur. D’abord parce que le vieil homme n’est pas méchant. Ensuite parce que les parents de Benjamin lui ont appris à respecter les autres. « On rencontre parfois dans la vie des gens qui ne nous plaisent pas », lui répète souvent sa maman. « Ce n’est pas une raison pour souhaiter qu’il leur arrive un malheur !». Benjamin sait que sa maman a raison. « Il ne me reste plus qu’à compter les jours », se dit-il.

La journée semble longue. Voilà plus de deux heures que le vieux professeur parle sans cesse. Qu’il s’agisse de mathématiques, de français ou de géographie, Monsieur Leroy a toujours cette même voix ennuyeuse. Benjamin regarde ses camarades autour de lui et observe leur visage fatigué. Il se tâte les joues pour vérifier si lui aussi fait cette drôle de tête. Soudain, on frappe à la porte. Le directeur de l’école entre, accompagné d’une jeune femme au sourire radieux. En l’apercevant, le visage de Benjamin s’éclaircit. Il le sent : on va leur annoncer une bonne nouvelle !

« Les enfants, je vous présente Mademoiselle Richard », annonce le directeur. « C’est une jeune enseignante qui effectue un stage chez nous ». Monsieur Leroy est resté un peu en retrait. Il est très contrarié à l’idée que quelqu’un vienne interrompre son cours. Les enfants quant à eux se sont réveillés, comme par magie. Ils ne parviennent pas à détacher le regard de la jeune maîtresse. « C’est elle qui va vous donner cours pour le restant de la journée », dit le directeur. Les enfants, fous de joie, n’en croient pas leurs oreilles. Certains applaudissent même.

A peine le directeur est-il sorti, Monsieur Leroy calme ses élèves. « Avant de laisser Mademoiselle Richard vous donner cours, je voudrais en terminer avec cette leçon », dit le vieux professeur d’une voix sévère. Les enfants, bien que déçus, n’osent pas protester. « Si vous me le permettez », dit le professeur, d’une voix plus douce cette fois, à l’attention de la jeune maîtresse. « Mais bien entendu Monsieur Leroy », répond-elle. Elle se dirige alors vers le seul banc libre de la classe et prend place juste à côté de Benjamin. Au passage, elle lui adresse son plus joli sourire.

Quinze longues minutes ses ont écoulées. Le professeur Leroy a terminé et Mademoiselle Richard peut enfin commencer son cours. Le vieux professeur range soigneusement ses affaires et lui fait de la place sur sa table. « Pour y déposer vos manuels de cours », lui dit-il. « C’est très aimable à vous professeur, mais je n’en aurai pas besoin !», répond-elle. Monsieur Leroy s’étonne un peu de cette réponse. Il hausse les épaules et vient se mettre au fond de la classe, à côté de Benjamin. Sans attendre, il se plonge dans les corrections des tests de mathématiques.

« Les enfants, je propose que vous m’appeliez Hélène, puisque c’est mon prénom ! », dit Mademoiselle Richard en commençant son cours. « Bonjour Hélène », disent les enfants, d’une seule voix. Le professeur Leroy sursaute et hoche la tête en signe de mécontentement. « Il y a des milliers de façons d’enseigner, mais il n’y en a qu’une seule d’apprendre », reprend la jeune maîtresse. « Et ce n’est certainement pas en restant assis sur un banc à ne rien faire. Alors suivez-moi, nous sortons ! ». Les enfants se regardent, étonnés. Benjamin se lève sans la moindre hésitation, imité par tous ses camarades ».

Dans le plus grand silence, les enfants suivent leur nouvelle maîtresse dans les couloirs de l’école. Puisqu’il fait bon dehors, pas besoin de veste ! Elle les emmène dans la cour de récréation et s’arrête juste sous le panier de basket. « Ici c’est un terrain de sport, n’est-ce pas ? ». Les enfants font oui de la tête. « Et bien moi je trouve que c’est un merveilleux endroit pour le cours de français ». Les enfants sont un peu perdus. Ils n’ont pas l’habitude de ce genre de méthode. Certains sont même méfiants. Benjamin, lui, est complètement sous le charme. Il s’assied à terre le premier.

Depuis la fenêtre de la classe, le professeur Leroy observe ce qui se passe dans la cour. Il désapprouve les nouvelles techniques d’enseignement. Mais soudain, il se raidit, pris d’une douleur au ventre ! Il a du mal à se tenir debout et titube jusqu’à son bureau. Dehors, le cours a commencé « Cherchons des mots rigolos !», dit Hélène à ses petits élèves. Personne n’a d’idée. « Allons, il y a bien des mots qui vous font sourire quelque fois !? ». « Est-ce que les gros mots ça compte ? », demande Aurélien. « Non, pas de gros mots », dit Hélène. « Sinon ce serait trop facile, d’autant que je suis sûre que tu en connais des tas ».

« Somnambule ! », s’écrie Benjamin. Ses camarades se tournent vers lui. « Oui, très bien ! En voilà un mot rigolo : somnambule ! Et tu sais comment cela s’écrit ? ». Benjamin épelle le mot sans faire de faute. « Facile ! », lui crie Amanda, la plus douée des élèves de la classe. « Et qu’est-ce que vous dites de celui-là : concupiscent », ajoute la petite fille. « C’est un gros mot ! », dit Aurélien. « Ah ah, pas du tout ! », dit Hélène en riant. « C’est même un mot très difficile, sais-tu ce que cela signifie ? ». Personne ne connaît ce mot. « Je vais chercher le dictionnaire », dit Benjamin en se levant.

Benjamin déboule dans la classe et découvre avec surprise le professeur Leroy, affalé sur son bureau. « Professeur ! », dit-il, un peu craintif. « Est-ce que vous vous sentez bien ? ». Mais Monsieur Leroy ne répond pas. Benjamin s’approche de son professeur et comprend rapidement qu’il a été victime d’un malaise. Il se met à courir du plus vite qu’il peut dans les couloirs de l’école. Il n’y a pas une minute à perdre ! Arrivé à l’infirmerie, il est trop essoufflé pour expliquer la situation. Il emmène de force Hélène, l’infirmière, qui renverse son café sur blouse blanche.

Lorsque Hélène découvre Monsieur Leroy inanimé, elle envoie Benjamin chez le directeur. « Fais vite », lui dit-elle en prenant le pouls du professeur. « Il respire, ce n’est sûrement pas grave, mais il vaut mieux ne prendre aucun risque !». Benjamin traverse la cour de récréation à toute vitesse. La nouvelle maîtresse s’étonne de le voir revenir sans dictionnaire mais Benjamin ne s’arrête pas. « Excusez-moi mais le Professeur Leroy s’est évanoui en classe », dit-il tout de même au passage. Les enfants se lèvent tous en même temps et retournent en vitesse dans le bâtiment.

Benjamin et le directeur se frayent un passage parmi les enfants entassés à l’entrée de la classe. Le professeur a repris ses esprits, au soulagement de tout le monde. « Rien de grave, Monsieur le directeur ! », annonce Hélène. « Grâce au sang-froid de Benjamin, j’ai pu agir à temps ». Le professeur Leroy a beaucoup de mal à parler, il est encore sous le choc. Il se lève à grand peine et vient se poster devant Benjamin. « Merci, mon garçon », dit-il en posant la main sur le haut de la tête du jeune garçon. « Je n’oublierai jamais ce que tu as fait pour moi ! ».

Depuis ce jour, Monsieur Leroy et Benjamin ont de longues conversations pendant la récréation. Le vieux professeur écoute attentivement les conseils de Benjamin pour être plus apprécié de ses élèves. Quant à Benjamin, il fait pression sur le professeur pour qu’il donne son cour de français sous le panier de basket…


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