"Princesse Atchoum"

Mais aujourd’hui, pas question qu’elle sorte par ce temps ! Ainsi en a-t-elle décidé. Demain, c’est la fête à l’école. Et Camille ne veut manquer cet événement sous aucun prétexte. D’autant que, chaque année, un concours est organisé pour désigner la Princesse de l’école. Camille a l’occasion d’y participer pour la première fois. D’y participer et… de le remporter ! Camille sait bien qu’elle est l’une des plus jolies petites filles de l’école, son papa le lui répète tout le temps. Mais si elle sort pour s’amuser dans la neige, elle risque de prendre froid. Et avec un rhume et un gros nez rouge, ses chances de gagner le concours diminueraient fortement, pense-t-elle.
Thomas, le petit frère de Camille fait irruption dans la chambre de sa soeur. « Tu viens jouer avec nous ? », lui demande-t-il, tout surpris de la voir traîner encore en pyjama. « Non, vas-y sans moi, je ne me sens pas très bien ce matin ! », répond Camille en allant se réfugier sous la couette. « Il y aura Sandrine et Magali », ajoute Thomas qui tente malgré tout de convaincre sa sœur. « Dis-leur que je viendrai peut-être plus tard, lorsque je n’aurai plus mal à la tête! », lui répond Camille, pensive. « Bon, comme tu voudras. Tant pis pour toi ! », dit alors Thomas avant de disparaître.
Lorsque son frère est parti, Camille sort rapidement de son lit. Elle enfile ses chaussons, son peignoir et se rue vers la fenêtre pour observer ses deux meilleures amies dans la neige. « Quelle imprudence ! », se dit-elle. « Elles n’ont ni écharpe, ni bonnet ! ». Camille les imagine le lendemain à la fête de l’école, toussant et se mouchant tout le temps. « Pas de doute, si Magali et Sandrine tombent malades, je gagnerai le concours à coup sûr ! ». Elle se réjouit de cette perspective tout en espérant qu’elles ne soient pas trop gravement malades. Car il s’agit tout de même de ses amies !
Debout au milieu de sa chambre, Camille se demande ce qu’elle pourrait bien faire aujourd’hui ? Elle ne peut tout de même pas rester toute la journée au lit. Sa maman, alarmée par Thomas, vient aux nouvelles. « Alors, ma chérie », lui dit-elle « qu’est-ce qui ne va pas ? Tu as mal à la tête, paraît-il ?». Disant cela, sa maman pose sa main sur le front de Camille et s’étonne de ne pas le trouver chaud. Camille, embarrassée, ne veut pas mentir à sa maman. Elle lui avoue qu’elle n’a rien du tout mais qu’elle a vraiment peur de sortir. Elle veut absolument éviter d’être malade pour la fête de l’école.
La maman de Camille est rassurée mais pas très contente de l’attitude de sa fille et des histoires qu’elle invente. « Allons donc ! Il suffit de bien te couvrir et tu ne seras pas malade », dit-elle à Camille. « Habille-toi rapidement et va jouer avec tes amis, je ne veux pas que tu restes seule à la maison. Les occasions de s’amuser dans la neige sont tellement rares… ». Camille est un petit peu déçue par la réaction de sa maman. Elle s’attendait à ce que sa maman la comprenne mieux que quiconque. Car elle aussi, il y a quelques années, avait participé au concours de Princesse de l’école.
Lorsque Camille sort enfin de chez elle, après de longs préparatifs, tous les enfants s’arrêtent subitement de jouer. « Mais quelle est donc cette énorme chose ronde, emmitouflée dans une tonne de vêtements chauds », se demandent les enfants ? « On n’aperçoit même pas son visage ! ». Thomas s’approche et éclate de rire : « C’est ma sœur Camille », hurle-t-il avant de retourner auprès de ses amis. Tout le monde se moque d’elle, même ses deux meilleures amies Sandrine et Magali ne peuvent s’en empêcher. Vexée, Camille refuse de s’éloigner de la porte de la maison. Elle préfère bouder dans son coin.
Magali et Sandrine se sont approchées de leur amie. « Mais enfin Camille, c’est quoi cet accoutrement ridicule ? », lui demande Sandrine. « J’espère que tu n’as pas l’intention de t’habiller comme ça pour aller à la fête de l’école demain ! », ajoute Magali en pouffant de rire. « Mmmmmuhh mmm ! », répond Camille. « Qu’est-ce que tu dis ? On ne comprend rien ». Camille ôte prudemment les deux écharpes qui lui protègent le cou et découvre une toute petite partie de sa bouche. « Je dis que si vous avez envie d’être malades, c’est votre problème ! » dit-elle avant de se recouvrir à la hâte.
Soudain, une salve de boules de neige lancées par Thomas et ses amis, atteint lâchement les trois petites filles. Sandrine et Magali ne se font pas prier et ripostent dans la bonne humeur. Camille essaye tant bien que mal d’éviter les boules qui continuent d’arriver dans sa direction mais, avec tous ces vêtements sur le corps, elle a perdu toute liberté de mouvement. Touchée en plein visage, elle tombe et ne parvient plus à se relever. Elle hurle des sons incompréhensibles. Les autres enfants, trop occupés à rire et à se lancer des boules de neige, ne lui portent pas la moindre attention.
Camille gigote tellement qu’elle finit par rouler sur elle-même. Elle prend de la vitesse et dévale la pente au milieu des luges qui tentent de l’éviter. Thomas remarque sa sœur et se met à courir à toute vitesse derrière elle pour la rattraper. Il y parvient, juste avant qu’elle ne se cogne contre un arbre. Thomas aide Camille à se relever mais, au lieu de le remercier, elle se met en colère. « Ah c’est malin ! Avec vos jeux stupides, vous avez bien failli me tuer ! ». Elle est vraiment très fâchée. Elle se débarrasse de la neige qui lui colle aux vêtements et retourne vers la maison.
Mais avec tous ces vêtements sur le dos, impossible de marcher ! Thomas, se sentant un peu coupable, propose à Camille de s’asseoir sur son traîneau et de se laisser tirer vers la maison. Camille refuse l’aide de son frère. Elle enlève ses bottes et quelques couches de vêtements puis remonte la pente, pieds nus, avant de disparaître en claquant la porte de la maison. Sa maman, l’apercevant sans chaussures ni chaussettes, se fâche et l’envoie dans sa chambre. « Quelle journée pourrie ! », se dit Camille, recroquevillée sur ses genoux dans un bain fumant. « Il ne manquerait plus que… AAAH… ATCHOUM ! ».
Ça y est ! Ce qu’elle redoutait le plus : Camille a attrapé un rhume ! La petite fille se met à pleurer toutes les larmes de son corps. « Allons, allons, ce n’est tout de même pas si grave », lui dit sa maman, accourue dans la salle de bain. « Je ne voulais pas me fâcher comme ça avec toi mais avoue que courir à pieds nus dans la neige, ce n’était pas très malin ! », ajoute-t-elle en caressant les jolis cheveux de sa fille. « Ce n’est pas pour ça que je pleure », lui répond Camille. « C’est parce qu’avec ce stupide rhume, je n’ai aucune chance de gagner le concours de Princesse à l’école ».
Le lendemain, Camille refuse de se rendre à la fête. Elle demeure figée dans son lit, avec un vrai mal à la tête cette fois. Son nez est tout rouge et ses yeux ressemblent plus à ceux d’un crapaud qu’à ceux d’une princesse. Quel triste spectacle ! Puisque maman ne réussit pas à la convaincre de sortir de son lit, c’est papa qui est chargé de cette délicate mission. Avec lui, cela marche toujours. L’âme en peine, dans ses beaux habits de cérémonie, elle monte finalement dans la voiture de son papa qui parvient à lui décrocher un véritable sourire. A ses côtés, Thomas n’arrête pas d’éternuer.
Arrivée dans la grande salle des fêtes, Camille tente maladroitement de retarder le moment où elle devra se présenter sur l’estrade. Son papa l’accompagne jusqu’à l’escalier et lui murmure quelques gentilles paroles à l’oreille. Mais quelle surprise pour Camille qui parvient finalement à présenter un de ses plus beaux sourires à l’assemblée ! Toutes les participantes au concours de Princesse sont enrhumées. Et toutes ont l’air plus mal en point les unes que les autres. Bien plus que Camille en tous les cas ! Magali et Sandrine sont là aussi mais elles ne cessent de se moucher et d’éternuer.
Le jury composé de tous les papas est unanime : Camille est décidemment la plus jolie et… la moins enrhumée de toutes les participantes. Sous les applaudissements de tous, elle vient chercher sa couronne de diamants. C’est le directeur de l’école qui la lui pose sur la tête. La tradition veut que la gagnante embrasse chacun des membres du jury mais, craignant d’attraper le rhume de la lauréate, ils reculent tous et se contentent d’une poignée de main. Tous sauf le papa de Camille ! Fier de sa fille, il la prend dans ses bras et l’invite à ouvrir le bal devant un parterre de gens enrhumés.
« Finalement, vous aviez raison de vous moquer de moi », dit Camille à ses amies Sandrine et Magali, couvertes d’une impressionnante couche de vêtements. « Ces accoutrements sont vraiment ridicules ». A peine vêtue d’un châle, elle monte dans la voiture de son papa qui lui tient la porte ouverte comme le plus galant des princes.
Texte protégé par la loi sur le droit d'auteur; écrit par Vincent Fournier et publié dans le le magazine Princesse Lecture (Janvier-Février 2006 - édité par GO MULTIMEDIA SARL). Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous supports et tous pays.
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