Lili la sorcière dans "Lili et le parfum magique"

Une nuit, alors que Lili révise ses formules magiques, une chose incroyable se produit. Un énorme livre de la section des ouvrages interdits se met à briller de mille feux. Lili, concentrée sur sa lecture, ne le remarque même pas. Mais voilà que dans un éclair prodigieux, l’ouvrage brise la vitre qui le retient enfermé et atterrit sur le bureau de la petite sorcière ! Annabelle, cachée sous une table, n’a pas perdu une miette de ce spectacle extraordinaire. Lili, toute excitée, ouvre l’énorme volume. Des tourbillons de poussière volent dans les airs jusqu’à Annabelle qui doit se retenir d’éternuer.
L’ouvrage est écrit dans une langue inconnue de tous. Mais Lili, elle, réussit à déchiffrer les drôles d’écritures. Dès qu’elle se met à lire à voix haute, les murs de la bibliothèque tremblent bruyamment. Annabelle, sous la table, a vraiment très peur. Soudain, une bouche se dessine sur les pages du livre et, d’une voix grave, s’échappent d’étranges paroles : « Les effluves du parfum magique guideront tes pas. Mais prends garde ! Eloigne-toi des flammes de l’enfer !». A ces mots, un nouvel éclair jaillit, et le livre reprend place dans la bibliothèque, comme si rien ne s’était produit.
Le lendemain, après le cours d’astrologie, Lili se rue chez la directrice de l’école. Annabelle, qui n’a pas dormi de la nuit, a vraiment mauvaise mine. Elle suit Lili et, munie de sa couverture invisible, pénètre dans le bureau de la directrice sans se faire remarquer. Lili raconte dans les moindres détails ce qui s’est produit. « Et bien ma chère Lili », lui dit la directrice, « il semble que tu aies été choisie pour une grande mission. Tu as de la chance ! Ce genre d’événement n’arrive qu’une fois tous les sept cent ans. Vas, et trouve le parfum magique. Profite des vacances mais sois très prudente ! ».
Les apprenties sorcières quittent l’école pour quelques jours de vacances. Lili, elle, se prépare pour une aventure bien plus excitante ! Munie de son chapeau, de son balai et d’un petit baluchon, elle s’apprête à traverser la forêt interdite, unique passage pour sortir du domaine de l’école. Elle l’a déjà survolée des centaines de fois mais, pour avoir une chance de mettre la main sur le parfum, il va falloir l’explorer de fond en comble. Du haut de son bureau, la directrice regarde Lili s’éloigner. Elle aperçoit aussi Annabelle qui a décidé de suivre Lili pour lui voler le parfum magique.
Dès que Lili pénètre dans la forêt, le ciel s’assombrit. Des éclairs déchirent le ciel ; la pluie ne va pas tarder. Annabelle suit Lili à distance. Dans la précipitation, elle n’a pris aucun bagage avec elle, même pas son chapeau. Voilà la pluie ! Un véritable déluge s’abat sur la forêt et Annabelle s’est laissé surprendre. Aucune de ses formules magiques ne calme la pluie. Elle est toute dégoulinante et s’abrite sous un arbre. Lili, quant à elle, utilise ses pouvoirs. Elle demande à une horde de chauves-souris de déployer leurs ailes au-dessus de sa tête pour former un immense parapluie.
Lili sait voler sur un balai, parler aux animaux, concocter des potions magiques et lire dans les étoiles mais elle ignore tout du fameux « parfum magique ». Aucun des milliers d’ouvrages qu’elle a lus n’en parle. Elle se jure d’écrire elle-même le livre de ses aventures dès son retour à l’école. La pluie a cessé. En route ! Lili remercie les chauves-souris et s’enfonce un peu plus dans la forêt marécageuse, aidée par deux serpents qui lui servent de skis nautiques. Annabelle a totalement perdu ses pouvoirs de sorcière. Elle s’enfonce jusqu’aux genoux dans une boue épaisse et visqueuse.
Au pied d’un arbre, tout près d’une rivière, Lili décide de faire une pause. Elle étale le contenu de son sac et se prépare à manger. Annabelle a faim elle aussi. Mais impossible de bouger ! Elle doit se contenter de feuilles d’arbre très indigestes. Lili sort de sa veste le petit carnet dans lequel elle a soigneusement noté les mots du livre de la bibliothèque. Elle les prononce à voix haute et, soudain, l’arbre sur lequel elle s’est appuyée se met à trembler. Une bouche se dessine sur le tronc et, de sa voix grave, lui dit : « Gare à celle qui se trompe de chemin ! ». A ces mots, la bouche disparaît.
Annabelle a pris froid et ne cesse d’éternuer. Elle reste loin de Lili pour éviter de se faire repérer. Au bout d’un sentier, Lili se retrouve face à deux routes allant dans des directions complètement opposées. Au milieu trône un panneau avec deux flèches sans inscription. Lili réfléchit longuement. Elle ferme les yeux, cherchant l’inspiration. Le vent se lève. Une chouette grise aux yeux d’un jaune profond vient se poser sur la flèche de droite. Lili ouvre les yeux et l’aperçoit. « Je me suis toujours méfiée des chouettes », dit-elle tout haut. « Si tu dis que c’est à droite, j’irai donc à gauche ».
Annabelle arrive épuisée au bout du sentier. Elle râle car elle a perdu Lili de vue. Elle aperçoit la chouette perchée entre les deux flèches. « Arrabal et Labarra, chouette, le bon chemin tu m’indiqueras ! », dit-elle avec la plus grande conviction en s’adressant à l’animal. La chouette se pose sur la flèche de droite. « J’ai toujours fait confiance aux chouettes », dit Annabelle, retrouvant le sourire. « Je suivrai donc ton conseil et j’irai à droite ». Elle s’éloigne vers la droite en ricanant. La chouette, désormais seule, dit d’une voix grave : « Gare à celle qui se trompe de chemin ! ».
La route suivie par Lili est très agréable. C’en est fini de la pluie, des éclairs et de la boue. Du haut de la colline, le spectacle qui s’offre à elle est exceptionnel. Des champs de fleurs à perte de vue. Toutes ces couleurs, tous ces parfums ! Elle ferme les yeux et profite des senteurs. Elle sait que le parfum magique se trouve là quelque part, au beau milieu de ces champs. Lili ôte son chapeau, se débarrasse de son baluchon et s’élance à travers champs. Elle danse comme un papillon, virevolte avec les oiseaux. Lili n’est plus seulement une petite sorcière, elle est une fleur parmi les fleurs.
De son côté, Annabelle a vite compris qu’elle a fait fausse route. Couverte de boue de la tête aux pieds, la voilà complètement perdue au milieu d’un champ de ronces. Ses vêtements se déchirent à chacun de ses pas et il fait de plus en plus chaud. Les formules magiques qu’elle prononce n’ont aucun effet. Elle aperçoit des flammes au loin mais elle ne peut faire demi-tour. Les ronces la poussent vers le feu. Un énorme monstre à cinq têtes s’extrait soudain des flammes. Annabelle hurle de toutes ses forces : « LILI, A L’AIDE !». « Gare à celle qui se trompe de chemin », éructe l’horrible monstre.
Allongée dans l’herbe, Lili hume l’air de son petit nez joliment crochu. Les effluves se mélangent, tournoient devant elle. Elle se lève soudain, sans hâte, et marche tout droit au milieu des champs. Sans hésitation, elle s’agenouille devant une fleur grosse comme une citrouille. La fleur s’ouvre, découvrant un flacon en forme de boule de cristal. Lili veut le toucher mais la fleur menace de se refermer. Une bouche se forme dans le cristal : « Suis la goutte, tu sauras ce que tu dois faire ». A ces mots, le flacon s’élève dans les airs, laissant échapper une goutte de parfum couleur arc-en-ciel.
Lili ramasse son chapeau, son baluchon et enfourche son balai. Elle suit la goutte dans sa course effrénée et se retrouve bientôt à la croisée des chemins. Elle évite de justesse la chouette qui s’envole en criant. Lili pilote son balai dans les champs de ronces à perte de vue. Les cris d’Annabelle se font de plus en plus distincts et la chaleur est étouffante. « Blim Astavim », dit Lili en jetant des sorts sur les ronces qui s’écartent sur son passage. La goutte de parfum s’évapore au contact des flammes. Lili la prend dans ses mains pour la protéger et se hâte pour rejoindre Annabelle.
Le monstre à cinq têtes tient Annabelle dans l’une de ses gueules. « Toi aussi tu t’es trompée de chemin ! », dit-il lorsqu’il aperçoit Lili. « Pas du tout !», lui répond-elle en ouvrant les mains. Voyant la goutte, le monstre est pris de panique. Il lâche Annabelle et crache ses flammes en direction de Lili. La petite sorcière prononce les paroles du livre magique : « Merla Zaba Hi Aki Tum ! ». Les flammes s’arrêtent à un mètre d’elle, brûlant seulement les ronces. Lili ouvre les mains et la goutte éclate de milles perles, projetant un arc-en-ciel partout sur son passage, y compris sur le monstre.
L’école des sorcières de Makraville est en fête ! Le monstre arc-en-ciel est l’attraction principale de la rentrée. Il essaye de lancer ses flammes autour de lui, mais ce ne sont que de jolies fleurs qui s’échappent de ses immenses narines. Quant à Lili et Annabelle, les deux nouvelles amies, elles passent leur temps dans la bibliothèque en attente d’une nouvelle mission.
Texte protégé par la loi sur le droit d'auteur; écrit par Vincent Fournier et publié dans le le magazine Sorcière lecture (N°1 - édité par GO MULTIMEDIA SARL). Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous supports et tous pays.
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